Les relations de Greimas avec la psychanalyse n'ont pas suscité jusqu‘à présent d’étude systématique. Et pourtant, dès «Sémantique structurale» (1966), Greimas construit ses premiers modèles sémiotiques (ainsi le célèbre modèle actantiel) dans le dialogue, quelquefois, certes, très polémique, avec la psychanalyse (cf. sa sévère critique de la psychocritique de Ch. Mauron); il va même jusqu’à évaluer son modèle narratif transformationnel en analysant des séances de psychodrame psychanalytique (avec l’aide de M. Safouan). On s’efforcera donc de préciser à la fois les emprunts à la psychanalyse mais aussi les différences fermement affirmées qui ont permis à Greimas de poser l’identité de la discipline, la sémiotique, qu’il créait, dépassant de fort loin son projet initial de fonder une sémantique.
On découvrira chemin faisant les influences, les échos, les homologations suscitées essentiellement par la lecture, sur une longue période, du texte de Freud le plus important à ses yeux, soit la « Traumdeutung ». Et même si les références à la psychanalyse, dès après «Sémantique structurale», s’appauvrissent au point de finir par disparaître totalement.
Enfin, les rares allusions de Greimas aux apports de Lacan (ainsi le concept d’ «assomption») permettront de clarifier ses rapports avec celui qui, en psychanalyse, fut constamment le partenaire le plus attentif mais aussi le plus critique des linguistes.