Verbum E-ISSN
2538-8746
2018, vol. 9, DOI: http://dx.doi.org/10.15388/Verb.2018.1
EA 7518 LT2D
(Lexiques, Textes, Discours et Dictionnaires), Université de
Cergy-Pontoise
helene.manuelian@u-cergy.fr
ORCID iD: https://orcid.org/0000-0001-6574-8835
Intérêts
de recherche : Lexique, Lexicographie, Détermination, Référence
Resume. Au début des années 2000, avec l’informatisation, seuls les modes de recherche dans les dictionnaires avaient évolué. A cette période, on se réjouissait de pouvoir faire facilement des recherches thématiques dans les dictionnaires, grâce notamment à des outils de recherche « plein texte ». Parallèlement, on s’inquiétait de la fiabilité des dictionnaires « collaboratifs », conçus grâce aux technologies du wiki et dans lesquels les utilisateurs pouvaient faire des modifications. Aujourd’hui, de nouveaux dictionnaires apparaissent : des dictionnaires que l’on peut fabriquer soi-même, à l’aide d’outils simples d’utilisation, et qui permettent à chacun de personnaliser son dictionnaire. L’article montrera que la personnalisation des dictionnaires change de façon radicale notre rapport au savoir (nous construisons nous-même notre ouvrage de référence), notre rapport à l’expert (serions-nous tous des lexicographes ?) et notre rapport même à l’utilisation du dictionnaire, puisqu’il devient un outil personnel et non plus un outil de partage.
Mots-clés: lexicographie, dictionnaires, wiki, nouvelles technologies.
Summary. In the early 2000s, only search modes in dictionaries had evolved. In this period, it was challenging to be able to make easily thematic researches in dictionaries, due to “full text” research tools. At the same time, we were questioning about the reliability of the "collaborative" dictionaries, designed thanks to the technologies of the wiki and in which the users could make modifications.
Today, new dictionaries appear: dictionaries made by the user himself, for himself, by means of easy to use tools, and which allow every user to make his dictionary. The article will show that the customization of dictionaries changes in a radical way our relation to the knowledge (we build ourselves our reference book), our relation to the expert (would we be all lexicographers?) and our way of using the dictionary, because it becomes a personal tool and it is no more a way of sharing a language.
Keywords: lexicography, dictionaries, wiki, emerging technologies.
Copyright © 2018 Hélène
Manuelian. Published by Vilnius University
Press
This is an Open Access article distributed
under the terms of the Creative Commons
Attribution Licence, which permits unrestricted use,
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and source are credited.
Article soumis le 31 Juillet 2018, Accepté le
30 septembre
Hélène Manuelian est maîtresse de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise (France) où elle enseigne la lexicologie, la sémantique, les compétences numériques pour les lettres, la linguistique générale et la grammaire. Elle est membre du laboratoire LT2D, et elle a publié sur la lexicographie et les dictionnaires, ainsi que sur la référence, les chaînes de référence et la détermination.
En 2000, Jean Pruvost publiait Dictionnaires et Nouvelles Technologies, un ouvrage dans lequel il analysait les changements que l’informatique avait apportés à la lexicographie.
A cette époque, la majorité des dictionnaires informatisés l’étaient sur CD-Rom, et les évolutions constatées concernaient la façon dont on y conduisait les recherches. Ce que
Jean Pruvost avait alors appelé « l’analogie retrouvée » permettait de faire des recherches thématiques grâce aux outils de recherche « plein texte » et constituait une révolution dans notre conception du dictionnaire.
Près de 20 ans après, on peut à nouveau s’interroger sur ce que les nouvelles technologies ont changé dans notre rapport au savoir et partant, dans notre rapport au dictionnaire. Le monde lexicographique a d’abord été bouleversé par les possibilités de recherche offertes par l’informatique, Internet a ensuite définitivement changé notre rapport au savoir. Le dictionnaire ne peut pas être épargné par ces modifications.
Le présent article montrera l'évolution du rôle du dictionnaire et du statut du lexicographe dans le monde d'aujourd'hui. Nous y retracerons l'évolution du statut du dictionnaire et nous interrogerons les conséquences des changements évoqués précédemment.
Nous reviendrons sur ce qu'était le dictionnaire jusqu'aux années 1990, puis sur ce que les dictionnaires collaboratifs ont modifié ; enfin, nous verrons à quoi ressemblent les dictionnaires en ligne aujourd'hui, et comment leur personnalisation extrême nous interroge sur leur rôle dans la construction du savoir.
Pour les besoins de la démonstration, nous analyserons séparément l’utilisation des dictionnaires généraux et des dictionnaires de spécialité dont les fonctions et les publics sont différents.
Derrière Pruvost (2002), nous appelons dictionnaires généraux ceux qui renferment un vocabulaire général, par opposition aux dictionnaires de spécialité qui regroupent les termes liés à un domaine de spécialité. Nous rapprochons ces derniers des dictionnaires d’apprentissage destinés aux enfants ou aux apprenants étrangers parce qu’ils partagent la caractéristique de s’adresser à un public spécifique.
Un premier élément notable est l'utilisation du défini qui accompagne le nom dictionnaire jusqu’à la fin du 20ème siècle. On ne consulte pas un dictionnaire, mais le dictionnaire. La force du défini est immense. En effet, le dictionnaire est unique malgré sa multiplicité. Ceci est la manifestation du fait qu’alors, le dictionnaire est considéré comme un arbitre dans les familles (Pruvost, 2006). Quand on ne s’accorde pas sur un mot, on va vérifier dans le dictionnaire et le débat est clos. Le dictionnaire, référence incontestable, tranche pour un sens ou pour un autre. Il est alors un outil de partage, puisqu’il aide à la communication. Il permet de mieux comprendre l’autre et d’en être mieux compris.
Nous renvoyons à Pruvost (2006) pour les détails, mais rappelons que les dictionnaires du 16ème siècle au 20ème siècle proviennent majoritairement d’entreprises privées voire solitaires. Seule l’Encyclopédie au 18ème siècle est un ouvrage collectif (mais pas réellement un dictionnaire) et les dictionnaires du service public sont peu nombreux et relativement peu populaires. Le dictionnaire de l’Académie[1] est célèbre pour la lenteur de son élaboration et le Trésor de la Langue Française, ouvrage conçu par le CNRS dans les années 1960 en France, n’évolue quasiment plus depuis 1994.
Dans tous les cas, en solitaire ou en équipe, le lexicographe se pose en expert de la langue, il détient un savoir qu’il délivre à travers un ouvrage figé, qu’il amende au mieux une fois par an.
Il existe par ailleurs de nombreux dictionnaires qui s'adaptent à un public particulier. Les dictionnaires de spécialité (dictionnaires de médecine, dictionnaires juridiques) et dictionnaires d'apprentissage montrent que les lexicographes ont depuis longtemps adapté les dictionnaires à leurs lecteurs.
Cela étant, ces dictionnaires restent destinés à des groupes de personnes, qui, au vu des contraintes commerciales posées par les éditeurs, doivent être relativement importants sur le plan numérique.
En 1993, alors que les dictionnaires « papier » tentent des conversions sur CD-rom, le Web fait son apparition et une mutation importante s’opère. Les supports informatiques commercialisés vont avoir un succès de courte durée parce qu’avec la démocratisation très rapide d’Internet et du Web, de nombreux dictionnaires gratuits vont naître.
En 1995, parallèlement à la démocratisation du Web, le wiki fait son apparition. Il s’agit au départ une technologie collaborative qui permet à des utilisateurs identifiés de modifier et de partager des documents à distance par le biais du réseau. Née au sein de la communauté du logiciel libre dont les idées sur le partage des connaissances et la gratuité des connaissances s’affirment progressivement à la fin des années 1990, elle repose sur l’idée que, dans la mesure où la communauté est propriétaire du document, elle se régule d’elle-même et peut réparer les erreurs, en corrigeant et en améliorant le document.
En 2001, les utilisateurs d’Internet assistent à la naissance de Wikipédia, qui utilise le wiki de façon élargie puisque n’importe quel utilisateur peut ajouter ou modifier un article. L’idée de régulation par la communauté est donc poussée à son maximum, et l’idée du partage gratuit du savoir arrive à son paroxysme.
Parallèlement, on assiste à la création d’une très grande variété de sites de dictionnaires en ligne : dictionnaires de vocabulaire spécialisé (argot, banlieue), de dictionnaires de spécialité (des couleurs, des termes de marine, etc.)[2]. Après les années 2005-2010, les grandes maisons d’édition, Larousse en tête, se mettent à la diffusion de dictionnaires gratuits, parfois collaboratifs. Même le Trésor de la Langue Française est mis en ligne et devient accessible gratuitement sur un site dédié.
La quantité de dictionnaires en ligne, fruits d’initiatives individuelles, n’est pas sans rappeler le foisonnement mentionné par Pruvost (2006) dans l’histoire de la lexicographie française. Le Web a seulement facilité la mise en œuvre des projets, puisqu’il autorise la publication sans éditeur et une diffusion plus large et plus immédiate que le papier.
Se pose alors la question du statut du lexicographe. Si les premiers lexicographes étaient des érudits, des passionnés, qui construisaient des dictionnaires sur la base de leurs seules connaissances, de leurs études solitaires et de leurs intuitions, les lexicographes du 20ème siècles étaient devenus de véritables professionnels de la langue, parfois formés sur le tas, mais ayant toujours pour seul et unique métier, la lexicographie.
Wikipédia est certes une encyclopédie, mais sa déclinaison, le Wiktionnaire, est un dictionnaire de langue et fonctionne sur le même principe. La rédaction d'une encyclopédie est une tâche tout aussi sérieuse que celle d'un dictionnaire, mais elle fait appel à des techniques plus intuitives. L'encyclopédie ne se soucie pas forcément des notions de « genre prochain » ou de « circularité » qui sont importantes dans le cadre de la rédaction de dictionnaires finis et qui sont un souci permanent chez les lexicographes.
Dans un dictionnaire collaboratif, il devient impossible, à moins d’imposer un directeur éditorial, de maîtriser les aspects techniques cités.
C’est donc la communauté qui devient le lexicographe. Si l’idée de régulation par la collectivité est véritablement intéressante, si faire parler de sa langue à une communauté peut sembler proche de la vision saussurienne de la langue – somme des paroles individuelles qui pourtant échappe à tout contrôle individuel –, ces techniques remettent en cause l’expertise et le rôle du lexicographe dont le métier n’a jamais été de construire la langue, mais de créer un moyen de l’enseigner et de la partager.
Le dictionnaire n’est alors plus un ouvrage de spécialiste auquel on se réfère, il devient l’ouvrage de tous, auquel chacun collabore, avec une forme d’amateurisme qui sans être rejetée, mérite d’être interrogée.
Peu après la naissance de dictionnaires collaboratifs, on assiste à une autre mutation tout aussi intéressante et remettant en cause un autre aspect du dictionnaire : celui d’être un outil destiné à une large collectivité. En effet, la personnalisation des dictionnaires est un mouvement qui semble important, puisqu’aujourd’hui on voit se multiplier les outils de création de dictionnaire et les dictionnaires personnalisés.
Certaines entreprises emploient des linguistes afin de créer des outils pour les professionnels, nous les mettrons donc un peu à part. Nous pouvons citer par exemple Reverso-Softissimo qui propose un certain nombre de services linguistiques, essentiellement pour la traduction. Elle propose des outils linguistiques gratuits et destinés à un large public, mais aussi des outils destinés aux entreprises. Elle met au cœur de ses pratiques ce qu’elle appelle la « personnalisation » (Chanet, 2018). Elle propose aux entreprises des outils de traduction personnalisés. Les linguistes ont, de ce fait, pour tâche d’étudier les documents de l’entreprise et de produire des outils qui correspondront à leur corps de métier. Par exemple, il est fort peu probable que le terme « avocat » désigne un fruit lorsqu’on traduit des documents juridiques. Seul le sens de « magistrat » figurera dans les outils linguistiques proposés par Reverso.
Ainsi, on voit, dans le domaine de la traduction, ce qui pourrait ressembler à un dictionnaire de spécialité devenir dictionnaire d’entreprise. Ces outils, même s’ils s’inscrivent dans le mouvement de personnalisation extrême des outils linguistique ne nous interrogent pas de la même manière que ceux que nous allons présenter maintenant.
En faisant des recherches sur Internet, on se rend compte que la création de dictionnaire personnel est devenue une activité courante[3]. Dans cette section, nous décrirons quelques outils présents sur le web afin d’illustrer notre propos.
Le logiciel Mondico[4] est un logiciel libre, facile à utiliser, qui sert à créer des dictionnaires personnels. Il est destiné à des personnes qui ne font ni de lexicographie, ni d'informatique. Sur la page de présentation, des exemples d'utilisation sont donnés qui prouvent que du point de vue des concepteurs de ce logiciel, un dictionnaire est un objet qui doit s'adapter à des situations très précises.
Voici pour exemple des extraits de la page de présentation :
« Claire est secrétaire médicale. Elle doit souvent employer des mots propres au vocabulaire spécifique du service dans lequel elle travaille. […]
Valérie a choisi de consigner les remèdes homéopathiques de son médecin pour chaque bobo de ses enfants. Quand elle tape Angine, elle retrouve rapidement la solution retenue qui avait été prescrite.
Pierre a détourné l'utilisation première de Mon Dico et s'en sert comme catalogue de références des produits proposés par ses différents fournisseurs. »
Ce logiciel[5] est légèrement différent du premier présenté. En effet, il a pour intérêt de se relier aux textes lus par les utilisateurs. On saisit des mots et leurs définitions dans le logiciel ; si le mot apparaît dans un texte, un lien est créé de façon à ce qu'on puisse accéder à la définition. Ce logiciel fonctionne en réseau, et permet le partage des définitions. Sa présentation affirme:
« Logotype 2.5 est un logiciel qui permet de créer et de partager (notamment par Internet) un petit dictionnaire interactif.
[…]. L'utilisation est simplissime et permet de créer des catalogues et dictionnaires juste en alimentant une base de données. L'utilisateur saisit des articles en définissant leur nom. Des liens hypertextes se créent automatiquement lorsqu'un texte contient le nom d'un article. »
LexiMe[6] est une application téléchargeable sur l'Apple Store, preuve assez certaine d'une demande importante de la part des utilisateurs.
Elle est décrite de la manière suivante :
« LexiMe est une application simple et facile d’utilisation, qui vous permet de créer et de personnaliser autant de lexiques que vous le souhaitez.
Avec lexiMe vous pouvez :
• créer des lexiques personnalisés
• créer des listes de mots
• ajouter des mots et leur définition
• connaître le nombre de mots contenus dans vos listes
• […]
Avec l’option «lexique de langue», lexiMe vous propose des fonctionnalités qui facilitent considérablement la gestion du vocabulaire dans l’apprentissage des langues étrangères :
• pour chaque mot, un champ «traduction» est disponible
• gestion des mots nouveaux :
- […]
• gestion des révisions […] »
Les logiciels cités amènent à s’interroger sur le statut du savoir contenu dans le dictionnaire. Pour constituer son dictionnaire, l’utilisateur glane des informations sur Internet et construit un répertoire contenant seulement le vocabulaire qu’il rencontre.
En parlant de « mash-up autoproduit », nous avons repris et mélangé (signe des temps !) des expressions empruntées à R. Casati (Casati, 2013, p.117) qui s’interroge sur la qualité des compilations que nous faisons sur Internet à partir de différentes sources.
En effet, le résultat produit avec l’aide des applications citées n’est pas le fruit d’un travail global de réflexion, de construction, mais un travail de compilation dans lequel le souci de cohérence ne peut plus être présent. On pourra objecter que les premiers lexicographes étaient aussi de grands compilateurs, mais leurs dictionnaires n’étaient pas construits au fur et à mesure des besoins et des rencontres, contrairement aux objets issus d’Internet. De plus, ils n’étaient pas conçus pour leurs besoins personnels, mais comme un moyen de diffusion de connaissances sur la langue et le lecteur était donc au centre des préoccupations. Dans le cas de la construction de dictionnaires personnalisés, l’auteur construit son dictionnaire pour lui-même et le souci de partage n’est pas central ; l’utilisateur crée un répertoire de savoirs morcelés, sans référence à des « experts » ou des « savants » dont la légitimité se perd, de fait. Il devient seul juge de la justesse et de l’utilité d’une définition.
Dans ce cas, le statut du lexicographe semble grandement remis en question. En effet, si des professionnels sont à l’origine de certaines définitions, les notions de cohérence et de complétude d’un dictionnaire ne peuvent plus exister avec ces nouvelles applications.
Ainsi, l’utilisateur qui construit un dictionnaire au fur et à mesure de ses besoins ne pourra plus faire attention à ce que l’outil résultant ne contienne pas de circularités.
De même, la qualité des définitions pose question. En effet, écrire une définition est une tâche difficile et très technique. Les notions de structure du lexique, de genre prochain, de différences spécifiques sont des notions fondamentales pour bien décrire le sens d’un mot. Ecrire une définition doit permettre au lecteur non seulement de comprendre, mais aussi de réutiliser le mot.
Nous nous permettrons de douter du fait que les utilisateurs des applications précitées connaissent toutes ces notions, et donc de la qualité des définitions rédigées par leurs soin.
Le statut du dictionnaire est lui aussi à interroger. Très souvent, lorsqu’on parle de dictionnaire en ligne, on pense à Wikipédia, mais ce n’est pas un dictionnaire de langue. Il s’agit d’une encyclopédie dans laquelle on ne cherche pas de définitions linguistiques. Les dictionnaires de langue, en tendant à se personnaliser à l’extrême, en essayant de « coller » à l’utilisateur au maximum ne sont plus des outils de partage de la langue. Quand l’utilisateur crée un dictionnaire qui répond à ses besoins, il perd la notion de savoirs à partager avec ses interlocuteurs.
Par ailleurs, si on regarde bien les dictionnaires personnalisés, il n’est plus question de polysémie. Là où nous trouvions parfois plusieurs nuances de sens pour un seul terme dans un dictionnaire papier, nous n’en trouvons souvent plus qu’une. Dès lors, réfléchir au sens que prend le mot, s’assurer que nous en comprenons tous les aspects n’est plus chose possible. Par ailleurs, si l’on pense aux applications qui font le lien entre les mots d’un texte et leur définition, on peut s’interroger sur la façon dont l’homonymie et la polysémie sont gérées.
Le dictionnaire de langue devient dictionnaire d’idiolecte, et la monosémie pourrait devenir la norme.
Si les outils professionnels produits par des professionnels de la langue nous semblent incontestables, ils participent à un mouvement qui devrait nous interroger. En effet, le nombre important de personnes cherchant à produire leur propre dictionnaire ou leur propre catalogue de définitions glanées au cours de leurs recherches sur Internet pose plusieurs questions. Quel sera alors le statut du lexicographe, auteur d’un dictionnaire général et jusqu’ici dépositaire d’un savoir et de techniques professionnelles ? Que devient le « dictionnaire-outil de partage » si chacun possède le sien propre, si chacun attribue sa propre définition aux mots de la langue ?
Autant de questions auxquelles nous n’avons pas encore de réponse, mais dont les lexicographes, auteurs de dictionnaires et chercheurs en linguistique devront s’emparer afin de continuer à adapter l’enseignement de la langue à de nouvelles visions et de nouvelles pratiques.
CASATI, R. 2013, Contre le colonialisme numérique, Paris, Albin Michel.
CHANET, M. 2018, Etre linguiste chez Reverso, Communication donnée à la Journée Profession Linguiste de l’Université de Cergy Pontoise, Mai 2018.
PRUVOST, J. 2000, Dictionnaires et nouvelles technologies, Paris, PUF.
PRUVOST, J. 2002, Les dictionnaires de la langue française, Que sais-je ? n°3622, Paris, PUF.
PRUVOST, J. 2006, Les Dictionnaires français, outils d'une langue et d'une culture, Paris, Ophrys.
Article wikipedia dans Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia (consulté le 15 juillet 2018)
CNRTL et TLFI : http://www.cnrtl.fr (consulté le 16 juillet 2018)
LexiMe : https://itunes.apple.com/fr/app/lexime/id769404476?mt=8 (consulté le 20 juillet 2018)
Logotype : https://logotype.fr.softonic.com/mac (consulté le 20 juillet 2018)
Mondico : http://www.mondico.fr/fr/presentation.php (consulté le 21 juillet 2018)
Reverso : https://dictionnaire.reverso.net/ (consulté le 21 juillet 2018)
Wiktionnaire : https://fr.wiktionary.org/wiki/Wiktionnaire:Page_d%E2%80%99accueil (consulté le 22 juillet 2018)
[1]Nous considérons le dictionnaire de l’Académie comme faisant partie des dictionnaires provenant du service public parce qu’il est un dictionnaire institutionnel, dont l’origine est une demande de l’Etat, même si évidemment, la notion de service public a considérablement évolué entre le 17ème et le 20ème siècle.
[2]Constats faits par l’auteure lors d’un cours sur les dictionnaires en ligne entre 2005 et 2008 à l’université de Cergy-Pontoise mais n’ayant pas fait l’objet d’une publication à l’époque.
[3]Nous ne disposons pas de chiffres sur le nombre d’utilisateurs de ces applications, d’où le terme « courant » qui, s’il semble vague, repose sur la quantité de forums où il est question de ce sujet et sur le fait qu’il existe assez d’applications pour que cela réponde de façon évidente à une demande des utilisateurs.