La première édition du « Dictionnaire de l’Académie française », publiée en 1694, constitue un événement capital, dans l’histoire de la langue française. La première fois, la langue se présente comme un système. En même temps, la langue française se propose comme une langue pour l’Europe : c’est l’un des buts de la première édition. Ce dictionnaire nous présente donc le premier grand exemple d’unification linguistique nationale, sous la protection de l’État, et la vision de l’Europe unifiée. Mais ce dictionnaire n’est qu’un recueil de 18000 mots. C’est aussi une grammaire dans laquelle la morphosyntaxe tient une large place La grammaire du Dictionnaire de l’Académie française mériterait un livre. Ce serait le livre des grammairiens au XVIIe siècle, de Vaugelas, Bouhours, Richelet et Furetière aux linguistes de Port-Royal. Ce dictionnaire est le projet des mots, fondé sur la force de la grammaire, et des liens entre les mots en synchronie. Ayant une essence grammaticale, il est en effet aussi la grammaire projetée dès 1635. Le but de cet article est de réfléchir sur les véritables sources grammaticales de la première édition du dictionnaire de l’Académie française et sur sa doctrine cohérente sur le plan grammatical.