Cet article est consacré à l’un des aspects les plus problématiques dans l’étude des onomatopées, à savoir celui de leur statut linguistique. Même si les onomatopées étaient déjà évoquées chez les Grecs anciens, par exemple dans le dialogue de Platon « Cratyle », cet intérêt était plutôt lié au questionnement sur la nature même du langage. Essayant de trouver les origines des langues et de se représenter la lingua adamica, les philosophes antiques prêtaient souvent un intérêt particulier aux onomatopées, ces combinaisons des sons primitifs qui seraient sortis de la bouche des premiers hommes. Les théories de la glotto-genèse onomatopéiques qui restaient assez vivaces durant des siècles, étaient soumises aux évaluations détaillées, tandis que les onomatopées elles-mêmes, se trouvant au centre de ces théories, étaient le plus souvent négligées en tant que des unités linguistiques. Incorporées dans la classe grammaticale des interjections, les onomatopées perdaient leur spécificité grammaticale et fonctionnelle. Dans cet article, en nous basant sur des recherches linguistiques actuelles, nous faisons une tentative de tracer, au sein de la même classe grammaticale, une ligne de démarcation plus nette entre les interjections proprement dites (modales) et les interjections dictales (c’est-à-dire, les onomatopées non lexicalisées). Nous croyons que ceci serait possible à condition de ne jamais laisser de vue leurs fonctions respectives, réservant aux premières la capacité imitative et, aux secondes, la capacité expressive.