Cet article reprend en partie celui que nous avons publié dans Metai 2014. Nous y procédons tout d’abord, après avoir indiqué nos sources, à une analyse sémantique des vingt-deux lexèmes qui, en arabe classique, désignent divers degrés d’amour. Nous montrons ensuite que, selon nos sources, l’amour, quelqu’en soit l’intensité, suppose une interaction permanente entre le somatique, le cognitif et le passionnel, tant et si bien qu’on passe, au fur et à mesure que la passion investit le corps et l’esprit, du règne de la raison à celui de la passion, puis à celui de la folie amoureuse, ce qui nous permet de proposer un premier carré sémiotique. La passion amoureuse étant considérée à l’époque classique, tantôt comme une maladie grave qui conduit progressivement à des comportements immoraux, tantôt comme une vertu suprême qui amène l’amoureux à s’exclure peu à peu de la société, tout en instaurant sa propre morale laquelle consiste à s’en tenir à une stricte chasteté qui finit par le faire mourir d’amour, nous proposons pour ces parcours trois autres carrés sémiotiques : de la morale sociale à l’immoralité ou à la morale individuelle, de la socialisation à la réclusion. Pour finir, nous reviendrons brièvement sur le parcours du mystique dont l’amour vise, lui, l’extase résultant de son anéantissement en Dieu et de sa fusion avec ce dernier.