L’article vise à élucider l’intertextualité dans l’oeuvre de Michel Houellebecq où on retrouve plusieurs traces des textes antérieurs. L’écrivain se dit le grand lecteur qui n’hésite pas d’interpréter, critiquer, polémiquer avec ses prédécesseurs. L’analyse proposée met l’accent sur les liens intertextuels avec Balzac, Baudelaire et Schopenhauer qui s’avèrent très importants dans la compréhension de l’oeuvre houellebecquienne.
Balzac et Houellebecq se rejoignent sur la conception « zoologique » de l’être humain. Ce côté animalier est présenté chez Houellebecq comme déterminé par la structure physiologique et psychique de l’homme. Les deux auteurs ont également la vision pareille sur la société, son déclin, la tyrannie de l’argent. Les personnages houellebecquiens évoquent parfois, dans leurs propos, les êtres fictifs de la Comédie Humaine, tissant ainsi les parallélismes éloquents des vies.
Dans les textes houellebecquiens on retrouve également l’influence baudelairienne qui se voit dans les motifs de la solitude, de la souffrance, de l’ennui, dans le sentiment de l’étrangeté. Cette thématique duspleen rejoigne celle de l’idéal qui prend de la configuration dans la possibilité de la création du monde nouveau, dépourvu de la souffrance humaine.
Les oeuvres houellebecquiennes sont surtout imprégnées des idées de Schopenhauer exposées dans son livre Le Monde comme volonté et comme représentation. Schopenhauer est considéré par Houellebecq comme le maître spirituel. Les deux auteurs partagent la vision pessimiste, voire nihiliste du monde, centrée sur la prédominance de la souffrance. Le concept schopenhauerien de la volonté révèle l’origine d’un manque que les humains ne peuvent jamais satisfaire. Ce manque-là est bien présent chez Houellebecq dont les personnages sont constamment terrorisés par les désirs contradictoires, porteurs de la déchéance physique et morale.